Il était une fois cette fille en recherche permanente d’équilibre. Elle essayait de concilier vie professionnelle, vie amoureuse, vie sociale, vie familiale, temps pour elle, sport, nutrition, sommeil… le tout dans les proportions conseillées par les livres qui vendent des vies heureuses pour 14,99€.
Elle avait beau faire de son mieux, mais jamais elle ne trouvait la clé permettant d’avoir chacune de ces catégories satisfaites en même temps et à parts égales.
Jamais elle n’avait la sensation d’avoir atteint le parfait équilibre de vie.
Pour autant, elle n’avait pas l’impression d’être malheureuse.
Et pire : elle avait au fond d’elle l’intime conviction de faire ce qu’il fallait. Pas ce qu’il fallait pour avoir une vie équilibrée, mais ce qu’il fallait pour atteindre ses objectifs et être heureuse au quotidien.
Pourtant, son absence de réussite sur le plan de l’équilibre de vie lui procurait la saveur amère de la culpabilité, dissimulée dans chaque bouchée de son quotidien.
Alors, elle commença à se demander si la recherche de l’équilibre n’était pas une quête vaine, et si, pire encore, ce n’était pas une quête absurde et contre-productive.
Cette fille c’était moi.
Et c’est sûrement vous aussi.
Parce que vous êtes encore nombreux à penser de travers la notion d’équilibre.
J’étais encore comme vous il y a quelques semaines.
Mais heureusement pour nous, j’ai lu un livre qui a fait basculer ma vision de l'équilibre, et m’a fait comprendre que je cherchais désespérément en permanence ce que j’avais finalement déjà.
Bienvenue dans cette nouvelle newsletter du dimanche soir, installez-vous confortablement sur un transat et commandez-vous une sangria (pardon, je vous écris depuis l’Espagne et j’oublie que vous n’y êtes pas, mais un verre d’eau de pluie fera l’affaire si vous êtes restés coincés en France ☔️ ), et ensemble déconstruisons ce concept tout à fait sournois d’équilibre de vie.
On pense souvent que l’équilibre de vie se définit comme un point fixe, constitué par un parfait alignement de tous les pans de notre vie.
“La clé pour moi, c’est de donner autant d’importance aux enfants, qu’au mari, qu’au travail et qu’à soi-même.” Mathilde Thomas (fondatrice de Caudalie) interrogée par Mathilde Lacombe (fondatrice d’Aime) sur son équilibre de vie.
Cette vision, je l’ai eue pendant longtemps.
Mais elle est très dangereuse, car elle nous fait rechercher un état utopique qui peut en réalité rarement être atteint, qui nous frustre en permanence, voire nous culpabilise de ne pas faire assez.
C’est là que j’interviens pour vous proposer une autre vision des choses.
Et voici les deux idées que j’aimerais vous transmettre ce soir : 1/ l’équilibre tel qu’on le visualise et qu’on le recherche actuellement est dangereux pour nos rêves, 2/ l’équilibre à rechercher est en réalité un mouvement permanent et pragmatique, que nous opérons souvent déjà sans nous en apercevoir.
1/ L’équilibre est dangereux pour nos rêves :
Avec 24h dans une journée, dont 7 passées à travailler en moyenne, on ne peut matériellement pas faire tenir dans chaque journée tous les pans de notre vie.
Et même si on voulait tenter l’expérience et qu’on s’efforçait d’attribuer une plage horaire égale pour chaque partie de notre vie, nous n’arriverions pas à faire assez dans chacun des domaines. Nous ferions un peu de tout, tout à moitié, et surtout en courant après le temps. Faire quelque chose en pensant déjà à ce que vous devrez faire après, vous connaissez ?
Mais surtout : en observant les personnes qui réussissent le plus à atteindre leurs objectifs, à réaliser leurs rêves, et à atteindre des niveaux de performance exceptionnels, peu importe sur quel pan de leur vie, on se rend compte qu’elles connaissent souvent un déséquilibre sur d’autres pans de leur vie au moment où on les observe.
Parce que bien faire les choses demande énormément d’investissement de temps. On ne peut pas être excellent dans un domaine si on n’en fait pas notre priorité.
On ne peut être un bon parent que si on passe du temps avec nos enfants, on ne peut être en bonne forme physique que si on s’entraine de façon soutenue, on ne peut être performant au travail que si on se donne vraiment… et ainsi de suite.
Pour faire bien les choses, et donc atteindre nos objectifs, ceux là même qui nous procurent de la joie et nous mènent vers la réalisation de nos rêves, il faut aller dans les extrêmes. Et donc accepter le déséquilibre.
L’équilibre en tant que point fixe, à la croisée de tous les pans de notre vie, serait donc contre-productif en ce qu’il ne nous permettrait pas d’atteindre nos rêves. Il nous permettrait, au mieux, de mener une vie “comme il faut”, en réalité, de mener une vie tiède, difficile et frustrante.
2/ l’équilibre à chercher est en réalité un mouvement permanent :
Et si l’équilibre n’était en réalité non pas un point fixe, mais un mouvement permanent ? Une sorte de balancier entre tous les pans de notre vie selon leur priorité à l’instant T.
Cette année, vous le savez peut-être si vous vous baladez dans ma tête depuis quelques mois, j’ai décidé de réfléchir aux conditions nous permettant d’accéder au bonheur permanent.
Et je commence à penser que la recherche de l’équilibre n’en est pas une. Que le concept d’équilibre est un simple garde-fou qui nous permet de ne pas nous éterniser dans les extrêmes.
Car les extrêmes, s’ils nous permettent d’accomplir nos projets et rêves, sont aussi également dangereux, dès lors qu’ils peuvent nous faire plonger dans le surmenage ou dans la négligence d’un autre pan de notre vie avec parfois des conséquences difficilement réparables.
La clé du bonheur, ce n’est pas d’avoir une vie parfaitement équilibrée, c’est de savoir investir du temps à l’endroit et au moment où il faut investir du temps, c’est de prioriser et dé-prioriser en permanence, de se balader constamment sur le fil de l’équilibre, pour ne jamais négliger trop longtemps un pan de notre vie.
Avec cette vision des choses, on peut vivre beaucoup mieux le fait de ne pas avoir une vie à l’équilibre permanent. En réalité, on est juste comme tout le monde, en train de faire du mieux qu’on peut.
L’équilibre permanent est au mieux un leurre, au pire, bien triste.
Parce que la vie humaine est constituée de phases. Et qu’on est tous changeants d’une saison à l’autre, d’une année à l’autre, voire même d’une semaine à l’autre. C’est ce qui fait le relief et la saveur de nos existences.
Peut-être que ce mois-ci il y a des enjeux dans notre vie professionnelle qui demandent plus d’investissement en temps. Ou alors à l’inverse, peut-être que notre état de fatigue demanderait de prioriser le repos et le temps pour soi.
Peut-être que cette semaine nous avons besoin de revoir des proches et de la famille car nous nous sentons un peu seuls, ou au contraire que nous avons besoin de solitude après une période très intense socialement.
Pour être en parfait alignement avec cette vision des choses, il faut cependant passer par une étape primordiale : définir nos priorités du moment.
Tout est question de se poser des questions, et ce régulièrement. De ne pas suivre bêtement une ligne directrice pré-établie, ou pire : ce que nous apercevons de la vie des autres, car notre cerveau va assimiler les multiples propositions soumises à nos yeux comme un idéal à atteindre, alors que chaque personne prise individuellement n’atteint elle-même pas l’équilibre imaginaire auquel elle peut faire croire.
Mais trop d’entre nous évitent de se poser des questions, foncent dans une vie déjà paramétrée, avec des contraintes, des obligations, des responsabilités, et la pression du mythe de l’équilibre de vie à atteindre en arrière plan. Ils prévoient et reproduisent à l’infini, sans s’écarter de leur mode de vie, par peur de l’incohérence. Une prévisibilité presque totale qui met en péril toutes leurs chances de voire s’opérer correctement ce mouvement de balancier. Tel un hamster dans sa cage, ils courent après la chimère de la vie parfaite, qui leur fera un jour perdre le rythme et s’arrêter sans l’avoir choisi.
Car nous ne sommes pas incohérents avec nous-mêmes à sortir plusieurs fois par semaine pendant plusieurs mois, puis ensuite à ne plus vouloir sortir pour nous consacrer à d’autres activités.
Nous ne sommes pas non plus incohérents à ne pas réussir à faire du sport tout le long de l’année avec la même fréquence et intensité.
Et heureusement, car nous forcerions notre nature et nous imposerions des contraintes néfastes à notre bonheur et à notre longévité.
En réalité, nous sommes multiples. Introvertis et extravertis à la fois, travailleurs et flemmards, tristes et joyeux, explorateurs et casaniers.
Au fond, pour mener une vie “équilibrée”, il faut juste savoir se questionner et s’écouter en permanence. Suivre notre intuition, nos besoins et nos émotions qui vont nécessairement varier au fil du temps.
Pour que le mouvement de balancier se fasse régulièrement et éviter de persister dans nos extrêmes, il peut être judicieux de programmer son activation. Exemple : en planifiant toutes nos vacances à l’avance avec une fréquence régulière, ainsi, même si on peut tomber dans un rythme intense au travail, on sait qu’on ré-équilibrera la donne automatiquement en partant en vacances tous les 2,5 mois, sans qu’on ait à se demander si on peut/veut partir.
En ce moment, j’ai défini mes priorités de juin/juillet comme étant : mon enfant & mon entreprise. Ainsi je m’assure d’avoir chaque jour de beaux moments avec ma fille et de travailler intensément pour abattre une charge de travail colossale avant août qui sera, de facto, beaucoup plus calme, et où mes priorités changeront vers un plan plus personnel.
Alors il m’arrive parfois de ne pas forcément manger très bien tous les jours, de ne pas faire beaucoup de sport sur une période, de dormir un nombre d’heures aléatoires car je peux me réveiller très tôt pour travailler. Il m’arrive aussi d’avoir des lubies, en ce moment la lecture, à d’autres périodes de l’année l’aquarelle ou la marche. Je ne suis pas constante sur tout tout le temps, mais tous les pans de ma vie finissent par refaire surface à un moment où à un autre, sans que j’ai à les faire cohabiter tous en même temps. C’est mon intuition qui me pousse à considérer ces pans comme mes priorités du moment, et le reste pourra attendre. Et le reste reviendra quand il sera nécessaire qu’il revienne.
Par contre, je me bloque une plage une fois par mois pour aller me faire un massage (temps pour moi), et prévois toujours de voir mes amis ou ma famille au moins une fois par semaine. C’est mon minimum syndical pour éviter ces fameux extrêmes.
En résumé, l’équilibre est un mouvement de balancier entre tous les pans de notre vie, qui est propre à chacun et qui ne saurait être capturé et exhibé comme modèle à un instant T.
Cette newsletter a été une vraie phase de réflexion pour moi qui ai longtemps cru qu’il était possible de tout mener de front et qu’il fallait juste que je m’organise mieux. Et je suis nettement plus en accord avec moi-même depuis que j’ai changé ma vision des choses.
Sur ce, je vous laisse vous pencher sur vos priorités du moment, et je file me glisser dans l’eau tiède de la mer des Baléares, ma priorité de ce soir.
A bientôt, dans une prochaine newsletter sur un autre sujet brûlant,
C.
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Intéressant, merci Cécile. Tu me donnes envie d'ouvrir ce livre. Dans un de ceux d'Austin Kleon (mon "inspirateur" du moment), il est question de rotation des cultures. Une image pour nous suggérer de travailler son champ, puis de le mettre en jachère, puis de passer à une autre culture. J'aime cette idée - qui rejoint la tienne - qu'on ne peut pas gagner sur tous les tableaux. Une chose à la fois. Ce n'est pas faillir que de ne pas être sur tous les front en même temps :) Bonne soirée
Je lis toutes les newsletter qui sont très inspirantes et je partage cette thématique étant en pleine réflexion sur mon équilibre pro/perso avec mon conjoint et comme prendre du temps pour nous / notre couple / notre famille à 3 / nos proches et nos amis ... Je vais commander le livre il m'a donné envie ! Merci